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Rappel du sommeil chez les mammifères
Pour répondre à cette question, commençons par un bref rappel de ce qui compose le sommeil chez les mammifères : c’est une alternance de deux états différents de celui de vigilance, le sommeil lent et le sommeil paradoxal. Le sommeil lent peut même être décomposé en sommeil léger et sommeil profond. En résumé, il y a l’état de vigilance qui correspond à l’activité et l’état de sommeil qui est une alternance de deux (ou trois sous états) qui correspondent au relâchement musculaire et cérébral.

Les instruments de mesures du sommeil
Le sommeil est donc un comportement qui implique une posture immobile, une diminution de la réactivité à des stimulations tels que le bruit et la lumière. Le critère physiologique le plus fréquemment utilisé pour définir le sommeil est le ralentissement des « ondes cérébrales » sur un électroencéphalogramme (EEG).
L’interprétation des données EEG est compliquée parce que les ondes émises pendant le sommeil diffèrent entre les mammifères et les reptiles, peut-être parce que les cerveaux des reptiles et des mammifères diffèrent dans leur structure, en particulier en ce qui concerne le néocortex, la source de ces ondes chez les mammifères.

Les serpents dorment-ils ?
Concernant les serpents, il est très difficile de savoir visuellement s’ils dorment principalement à cause du fait qu’ils ne ferment jamais les yeux et qu’un serpent passe la majorité de son temps physiquement parfaitement immobile. En effet il n’est pas rare de voir des serpents passer plusieurs jours voire des semaines totalement immobiles sans jamais cligner des yeux (ils en seraient de toute façon incapable puisqu’ils n’ont pas de paupières mais leurs yeux sont recouverts d’écailles claires).
Alors le serpent dort les yeux ouverts, ou bien est-il juste immobile en attente d’un stimuli externe ?
La solution serait du côté de la recherche et des expériences en laboratoire, malheureusement il y a assez peu d’études scientifiques sur le sujet et elles datent principalement des années 1960, sur une seule espèce : un python des roches.
Cette étude a montré que des ondes cérébrales semblables à celles du sommeil étaient produites presque 16 heures par jour, augmentant jusqu’à plus de 20 heures après l’alimentation, et que celles-ci correspondaient à un ralentissement de la respiration et du rythme cardiaque, à une certaine relaxation des muscles. Ils n’ont par contre trouvé aucune preuve d’un sommeil actif dans l’EEG.
De plus la question de savoir quel stimuli utiliser reste ouverte, car les serpents ne réagissent pas nécessairement à des lumières vives ou à des bruits forts, même lorsqu’ils sont éveillés, ils réagissent plutôt à des odeurs et les odeurs apparaissent de manière progressives et sont plus dures à mesurer.

Les Serpents rêvent-ils ?
Pour conclure sur cette question compliquée, voici donc ce que nous savons : les serpents dorment probablement, peut-être même la plupart du temps, mais nous ne savons pas vraiment quand, pendant combien de temps, à quelle profondeur, ou s’ils ont un sommeil paradoxal, y compris des rêves. Les habitudes de sommeil sont probablement très diverses parmi les plus de 3 500 espèces, dont une seule a été vraiment examinée.
De nombreux serpents bâillent, mais cela a été interprété soit comme un moyen de recueillir des indices chimiques ou de repositionner des éléments musculo-squelettiques, contrairement aux fonctions supposées du bâillement chez l’homme (dont on suppose qu’il pourrait réguler la température du cerveau, entraînant une augmentation de la pression sanguine afin d’améliorer la fonction motrice et la vigilance).
Le sommeil est un élément fondamental de la biologie humaine, pourtant certains mystères restent à élucider et nous ne pouvons pas dire à 100% que nous savons tout sur ce sujet. Concernant le sommeil des animaux, au vu de la biodiversité, le sujet est tellement vaste que nous n’avons fait que l’effleurer. Quant aux serpents, pour les raisons que nous avons vu dans cet article, ils seront doute une des espèces les plus compliqués à étudier.